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Embarquement en Amérique centrale
27 avril 2007

Bluefields (Nicaragua), jeudi 26 avril 2007

Premier accroc

   C'est reparti ! Le mardi matin nous reprenons la route. Au programme des deux prochains jours : un bateau, deux bus avec une pause entre les deux pour dormir et un autre bateau pour arriver à Bluefields, un port donnant sur la mer caraïbe. Notre objectif final étant de rejoindre une île des Caraïbes appelée " Corn Island ". A nous, les plages paradisiaques, le sable fin et l'eau turquoise. Enfin, après tous ces trajets.

trajet_bluefields

   La " lancha " collective de l'archipel de Solentiname nous dépose bien sûr à San Carlos, point de passage obligé de la région. Nous sommes soulagés de retrouver la civilisation (en plus il y a de l'électricité aujourd'hui) mais cela ne va pas durer longtemps. Le bus que nous prenons traverse le " Nicaragua profond ". Le long de cette route non pavée s'enchaînent des villages très reculés où les maisons sont faites de bric et de broc et où le moyen de locomotion normal est le cheval.

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   Cela nous donne la véritable image du pays. Une fois que l'on s'éloigne des endroits plus balisés, on prend vraiment conscience de la pauvreté du Nicaragua. Toute la partie est du pays est très peu développée car éloignée des grands axes de commerce et de communication. Il n'y a d'ailleurs aucune route qui relie l'Atlantique au reste du pays. Côté caraïbe, on ne peut rejoindre la mer qu'en trois endroits en empruntant des bateaux sur les trois grands fleuves du pays. Ca donne une idée de l'isolement de la région.
La dénuement s'exprime bien sûr par l'état des routes et l'aspect des maisons mais aussi par le nombre d'enfants qui errent dans la rue ou qui travaillent comme nous pourrons surtout le voir à Bluefields.

   Nous sortons des sept heures de bus avec les fesses en compote et une grosse envie de se dégourdir les jambes. Notre bus se devait d'être résistant aux chocs de la route, pas d'être confortable.

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   Notre ville-étape du jour s'appelle Juigalpa. Elle ne présente aucun intérêt hormis de disposer d'un distributeur automatique où nous récupérons un peu d'argent. Et le lendemain matin nous repartons pour 5h de bus dans la joie et la bonne humeur. Cette fois, la route est bitumée (merci pour nos fesses) et le bus est récent mais ça ne veut pas dire que l'on va beaucoup plus vite. A peu près toutes les vingt minutes, nous nous arrêtons. Pour que quelqu'un monte, pour donner un paquet ou en prendre un, pour que le chauffeur achète à boire ou parfois pour une raison inconnue : on attend juste pendant cinq-dix minutes et on repart...On a connu plus efficace comme trajet mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises.

   En effet au terminus du bus, dans la ville d'El Rama, nous devons prendre un bateau qui nous amènera à Bluefields. Les hors-bords ne partent qu'une fois pleins. Ils disposent de 18 places et malheureusement nous ne sommes que trois à 13h ce mercredi. Il faut donc patienter : au final nous attendrons trois heures sur des bancs face à une télé enchaînant séries débiles et films ridicules (Keanu Reeves qui joue au foot américain, ça vaut son pesant de cacahuètes).

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   Nous atteignons finalement Bluefields vers 18h et là, patatras, première tuile du voyage, Florence ne trouve plus son appareil photo. C'est fou car elle le garde toujours dans son petit sac à dos qu'elle ne quitte jamais. Comment a-il pu disparaître ? C'est vrai que lors de l'un de nos transports, le sac, normalement à nos pieds, a " glissé " légèrement sous notre siège, peut-être attiré par le passager derrière nous ? Mystère. Toujours est-il que l'appareil photo a disparu. Par contre, le portefeuille qui contient le passeport, la carte bleue et un peu d'argent n'a pas bougé. Nous sommes bien sûr préparés à ce genre de mésaventure : nous savons pertinemment que tout ce que nous avons avec nous est susceptible d'être volé un jour ou l'autre. Cependant, quand cela arrive, c'est toujours rageant. Surtout que l'on ne s'attendait pas à une attaque de ce côté-là. On pensait plutôt que notre chambre d'hôtel pourrait être visitée un de ces jours ou que nos gros sacs pourraient disparaître de la soute d'un bus...

   Outre la perte de l'appareil, ça démoralise un peu car nous pensions être vigilants sur nos affaires proches comme les petits sacs à dos, les appareils photo et les portefeuilles. Apparemment pas assez et cela nous donne un sentiment de vulnérabilité. Mais bon, il n'y a rien de très grave et dorénavant, nous mettrons aussi des cadenas à nos sacs de jour...

   Du coup, ce jeudi matin, nous avons le privilège de visiter un commissariat à Bluefields pour établir un procès-verbal de vol pour notre assurance. Et oui, il faut voir de tout dans un voyage ! Enfin, il ne nous fait pas rêver : ça ne donne pas envie de finir en garde à vue dans la crasse ambiante, on peut vous l'assurer. Non pas que les policiers soient désagréables avec nous, mais on sent qu'il vaut mieux être touriste, pour ne pas se retrouver comme ce gamin de quinze ans que l'on a vu, attendant son interrogatoire menotté à un tuyau près du sol dans un coin...
Nous sommes assez rapidement reçus par un agent qui tape consciencieusement notre déclaration sur sa machine à écrire sortie des années soixante. Désolé, on n'a pas sorti l'appareil photo (celui qui reste) pour immortaliser le moment et vous montrer l'ambiance, ça n'aurait sans doute pas plu. Les formalités accomplies, nous sommes contents de ressortir à l'air libre.

   En fait le commissariat est un peu à l'image de la ville. Les trottoirs et la rue sont crasseux, de travers ; les bâtiments sont vieux et sales ; les toits sont faits de tôle rouillée.

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   Une fois la nuit tombée, l'atmosphère devient même un peu effrayante car très peu de lampadaires fonctionnent. En gros, ce n'est pas une ville à laisser ses enfants dehors... Apparemment la faute incombe à un ouragan qui a tout dévasté ici en 1998. Les habitants ont alors reconstruit avec les moyens du bord.

   Malgré tout, nous trouvons Bluefields très intéressante. Si la ville n'est pas belle, elle est extrêmement vivante et métissée. On se croirait débarqué en Jamaïque : il y a beaucoup de noirs et on entend Bob Marley à droite et à gauche.

   Peu de temps après être arrivés, nous avons eu la chance d'assister à une mini-parade de carnaval devant un magasin qui fêtait l'anniversaire de sa création. Cinq ou six musiciens blacks habillés avec casquettes et maillots de basket comme tous les jeunes ici jouaient des morceaux de samba pleins d'énergie sur des instruments pour certains rafistolés. Devant eux une dizaine de danseurs d'un peu tous les âges effectuaient une chorégraphie plus ou moins bien synchronisée mais là aussi tellement pleine de vie. Ils étaient en vert, rouge et jaune, couleurs déclinées de façon pas très rigoureuse : si certains avaient le costume " officiel " la plupart avaient tenté de s'en approcher comme ils le pouvaient, T-shirts ou pantalons dans les teintes faisant l'affaire. On voyait bien que les moyens manquaient mais le cœur y était et toute la bande mettait le feu !

   Les gens sont fauchés mais la rue est vibrante. Nous nous régalons ce jeudi après-midi, assis en hauteur à la terrasse d'un café surplombant la rue, à observer le va et vient dans la ville. Ici le spectacle est dans la rue. En témoigne le défilé incessant au stand du petit vieux juste en face de notre perchoir.

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